Les décrets qui tombent du ciel, ça ne marche pas. Et la politique des petits pas non plus. Pour donner du souffle à l’école et de l’ambition, il faut une alliance globale avec l’école. Et il y a urgence.
Par Olivier Deleuze, Emily Hoyos
Publié le 22 février 2014
Ecolo s’est réuni ce samedi, à Namur, pour débattre de l’enseignement. Investir dans l’enseignement, c’est investir dans la jeunesse et investir dans la jeunesse, c’est se doter d’un avenir.
Mais lorsqu’on confronte les faits à cette ambition, le constat est en demi teinte. Face au professionnalisme, au dynamisme et à l’engagement des acteurs de terrain, des associations qui gravitent autour de l’école, il y a les chiffres, cruels :
L’ascenseur social est en panne et la dualisation continue à faire des ravages
35% des jeunes enseignants abandonnent leur métier avant d’avoir passé 5 ans dans l’enseignement ;
les résultats de nos élèves, mesurés par les études internationales, restent bien en dessous de nos attentes légitimes.
Ce constat vaut pour toutes les filières, mais il est particulièrement inquiétant pour l’enseignement qualifiant, dont nos Régions ont pourtant tant besoin pour accélérer leur transition.
Depuis 20 ans, tous les partis ont tenté de corriger le système, à la marge ou en profondeur. Ces cinq dernières années, on a appliqué la politique des petits pas, des expériences pilotes. Ce n’est pas sans intérêt mais cela manque de souffle et d’objectifs mobilisateurs qui correspondent à l’ampleur des défis. Il faut autre chose. On ne peut se payer le luxe d’une politique éducative en mode mineur. C’est pourquoi Ecolo appelle à une alliance globale, s’inspirant des alliances locales, telles que celles qui mobilisent les acteurs du bassin scolaire de Charleroi, depuis 7 ans. Et ça marche !
Cette méthode inédite, novatrice, Ecolo l’a reproduite à l’échelle de son panel « Kd’école », composé d’acteurs de la société civile venus des horizons les plus divers. Nous leur avons demandé l’impossible : se mettre d’accord malgré leurs attentes divergentes vis-à-vis de l’institution scolaire, les rôles parfois opposés qu’ils y jouent, le regard différent du néophyte ou de l’expert. Et ils ont réussi. Ils se sont retrouvés sur une série de constats partagés, de nœuds stratégiques et de propositions structurantes. Pour Ecolo, l’enjeu de la prochaine législature est de reproduire cette démarche à l’échelle de la société francophone belge.
Nous lançons ce samedi un appel aux forces vives de l’école et autour de l’école. Mais aussi un appel à nos collègues présidents de parti francophone. Au-delà des clivages et des majorités qui se formeront au lendemain des élections, avec les forces vives de l’école et la société civile, Ecolo appelle à une alliance globale pour l’école, nouée autour de quatre engagements :
Un enseignement qui permet réellement à chaque élève de découvrir et développer son potentiel, notamment grâce à l’instauration d’un vrai tronc commun jusqu’à 14 ans, source de choix positifs.
Des mesures ambitieuses pour accueillir les enseignants lors de leurs premiers pas dans l’école et dynamiser leur carrière pour qu’ils aient envie et l’enthousiasme d’y rester.
Un volontarisme à la hauteur de l’essor démographique de nos Régions. A l’initiative de Jean-Marc Nollet, les moyens affectés aux bâtiments scolaires ont doublé et la créativité a permis de faire face à l’urgence : il faut garder le cap.
La préservation des moyens budgétaires consacrés à l’école. L’enseignement ne peut être une variable d’ajustement budgétaire. S’il ne devait y avoir qu’un euro, il serait pour l’école. Car investir dans l’avenir de notre jeunesse, c’est investir dans l’avenir de nos Régions. N’asséchons pas la source de notre avenir !