12 mars 2013
L’ensemble des eurodéputés sont appelés à se prononcer pour la première fois sur la réforme de la politique agricole commune, la PAC, ce mercredi à Strasbourg. L’enjeu de cette réforme est capital. En raison de son importance pour les finances de l’Union européenne bien sûr, mais surtout en raison de son impact profond et à long terme sur nos modes de production alimentaire, notre santé, notre environnement et sur les agriculteurs eux-mêmes.
Pour les écologistes, le texte de la réforme adopté par la Commission agriculture du Parlement européen n’est, à ce stade, pas acceptable. Il saborde en effet les mesures les plus importantes proposées par le Commissaire européen Dacian Ciolos, ainsi que certaines propositions défendues lors de la consultation publique organisée en juin 2010 et que nous soutenions. Pour les écologistes, la réforme de la PAC offre pourtant une opportunité inédite de mettre sur pied une politique agricole plus juste, plus verte et plus durable bénéficiant d’avantage aux citoyens et aux agriculteurs. Le groupe des Verts a donc déposé une série d’amendements pour corriger le tir par rapport au texte proposé.
Plus juste
Actuellement, 20% des exploitations agricoles accaparent 80% des aides directes de la PAC. Dans chaque État membre, une minorité de producteurs agro-industriels reçoit plus de 300.000€ par an. Pas étonnant qu’ils soient « compétitifs » et puissent s’agrandir aux dépens de leurs voisins. En Belgique, seules 46 des plus grandes exploitations, soit une minorité infime, reçoit plus de 300.000€. Une mesure simple permettrait de corriger cette injustice : instaurer un plafonnement des aides directes à 100.000€ par exploitation.
A l’échelle européenne, cette mesure permettrait de récupérer près de 7 milliards d’euros par an sur les 40 milliards du budget de la politique agricole. Cette marge de manœuvre servirait à redistribuer les soutiens publics de manière plus équitable entre États membres, mais également entre agriculteurs, tout en soutenant l’emploi dans les zones rurales.
Plus verte
Le verdissement de la PAC passe par un abandon progressif des pratiques agricoles polluantes (utilisation massive d’énergies fossiles, de pesticides et d’antibiotiques). L’agriculture biologique doit également être encouragée pour l’ensemble des agriculteurs afin que manger bio et sain ne soit pas le privilège d’une minorité.
La préservation de la biodiversité, l’amélioration des sols, la protection de nos ressources en eau et le bien-être animal doivent également être soutenus par les aides européennes. Ces pratiques préservent en effet durablement nos capacités de production et l’environnement.
Plus durable
Les écologistes plaident enfin pour le soutien aux circuits courts qui permettent aux producteurs de bénéficier d’un revenu équitable et aux consommateurs d’avoir accès à des produits de qualité. Cela passera notamment par un plus grand soutien à l’autonomie des exploitations face à l’agro-industrie.
Le texte voté ce mercredi sera ensuite négocié au Conseil européen des ministres de l’Agriculture. Quelle que soit l’issue du vote, les écologistes resteront vigilants lors des négociations entre Etats membres et continueront à plaider au niveau fédéral et dans les entités fédérées pour le développement d’une agriculture de qualité au profit de tous.